Parmi les récits vécus qui m’ont inspiré en créant « Histoires de vies », il y a ce témoignage direct de Marcel Bleustein Blanchet sur son aventure exceptionnelle dans la publicité, édité par Robert Laffont dans la collection « Vécu ».

« Voici ma vérité. Qu’on veuille l’accepter comme telle » nous avertit Marcel Bleustein Blanchet au tout début du livre.

Plutôt que d’écrire lui-même son aventure entrepreneuriale avec Publicis, Marcel Bleustein Blanchet a fait le choix de se confier par oral sur une part de lui-même pendant 30 journées. C’est Jean Mauduit qui  eut le privilège de l’accompagner et de retranscrire sur papier des heures d’interviews. Différents témoignages de proches ainsi que des précieux documents d’archives illustrent les propos libres et spontanés de l’inventeur de la publicité en France, tout du moins celui qui lui a donné ses lettres de noblesse en créant de nouveaux langages adaptés aux nouveaux médias du 20ème siècle, le siècle de la radio et de l’image.

A travers les histoires vécues par Marcel Bleustein Blanchet et ses récits, ce livre raconte notamment les débuts de la publicité en France, « un monde à l’état sauvage ».

Surtout, il permet de rentrer dans l’intimité d’un jeune homme passionné d’aviation, millionnaire à 23 ans, ruiné à 34, obligé de tout recommencer à 40 : « J’ai toujours eu soif d’indépendance et de liberté. Ma vraie réussite c’est d’avoir pu conserver l’un et l’autre. »

Quitter à 20 ans l’entreprise familiale de vente de meubles où il travaillait depuis l’âge de 14 ans pour se lancer dans le métier de la publicité n’a pas été évident : « Quand je suis venu annoncer ma décision à mon père, il s’est écrié : « Tu veux vendre des courants d’air ! » Je n’ai pas très bien su quoi répondre… En conclusion de notre entretien, mon père m’a dit : « Je ne veux pas d’empêcher de faire de la publicité : plus tard tu pourrais me le reprocher. »

Au départ, raconte Marcel Bleustein Blanchet, « ma mère était le témoin de mes efforts. Je lui racontais tout. Et quand je lui racontais que j’avais essuyé un refus, elle me disait : « Continue. Ne te laisse pas décourager. Aie confiance. » »

Marcel Bleustein Blanchet a su mettre en œuvre tout au long de sa vie ce conseil de sa maman. Il s’est fié aussi à sa propre intuition : « A un moment donné, il y a un petit saut de puce qu’il faut être capable de faire entre le présent et l’avenir. Si l’on se contente d’attendre que les choses changent pour agir, alors elles changent effectivement, mais sans vous. A un moment donné, il faut être capable de lâcher la rampe de la raison et de sauter dans le rêve. Seulement, il faut sauter juste. C’est ce que j’ai fait en investissant dans la radio alors que ce média n’existait pas encore. Appelez cela du flair ou de la chance, comme vous voudrez. »  

L’essentiel de la vie de Marcel Bleustein Blanchet pourrait se résumer en quelques mots : « Je ne peux vivre et être heureux que dans l’humain. Le jour où j’aurais perdu ce goût, ce sens de l’humain, je serai bon à jeter aux orties. »