« Antique ou moderne, l’histoire appartient à un temps circulaire. Dès lors, monde ancien et monde nouveau ne s’opposent plus, mais se complètent. Car les mémoires du passé, nourries de constantes recherches et découvertes, offrent des complexités contemporaines une riche lecture, traçant ici des perspectives inattendues, là des parallèles inédits. »

Christophe Averty

 

« D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? », demandait le grand peintre Gauguin aux Îles Marquises. À l’époque du monde global, nous voulons, plus que jamais, connaitre notre histoire commune, sans laquelle il serait impossible de désigner notre identité et de décrire notre avenir. Les historiens dont je suis, savent à quel point l’histoire a changé en progressant.

Nous sommes passés d’une histoire partagée entre l’Orient et l’Occident ou encore d’une histoire étroitement nationale qui opposait les nations du Nord aux peuples du Sud, à la prise en compte d’une histoire universelle, comme on le disait au XVie. Cette collection offre pour la première fois une lecture globale de l’Histoire, nous permettant de maîtriser l’histoire mondiale depuis ses plus anciennes origines.

Le retour sur les grandes civilisations passées qui nous est offert présente un grand avantage : passer de l’idée de « choc des civilisations » à celle de « l’échange des cultures ». L’anthropologie nous enseigne, grâce aux études scientifiques du génome humain, que nous n’avons pas génocidé les malheureux Hommes de Néandertal, mais que nous nous sommes unis avec eux et que près de 3 % de nos chromosomes sont leur legs de même que ceux des Humains de Denissova.

À la sortie de la Préhistoire, les grandes civilisations ont fait mieux. Elles se sont léguées les unes les autres une partie de leur héritage : l’astronomie babylonienne, les jardins persans, la géométrie grecque, l’algèbre arabe… ont circulé d’un monde à l’autre. Il en va de même de nos grandes sagesses pourvoyeuses de religions universelles.

Pour autant, chaque civilisation millénaire ou multiséculaire garde son inventivité, son parfum, sa respiration unique et la connaissance que nous en avons n’abolit pas leur diversité mais exalte leur caractère unique.

Nos méthodes, aussi, ont été renouvelées et cette collection magnifiquement illustrée en témoigne plus qu’aucune autre : des sources historiques ne sont plus seulement des textes officiels ou des restes archéologiques mais l’ensemble beaucoup plus vaste des traces laissées par les civilisations passées, des plus fastueuses aux plus quotidiennes. Les lions des archers des bas-relief mésopotamiens, les fresques étincelantes des tombes égyptiennes sous le Sphinx énigmatique au nez emporté par les sables, le casque d’un soldat grec pendant les guerres médiques, les tapisseries des Croisés, des coupoles magnifiques et les Jardins de l’Islam, les portulans des grandes découvertes et les premières gravures sur les Indiens du Nouveau monde, la coupole de Brunelleschi à Florence ou les porcelaines et les ivoires Ming, le Machu Picchu et l’art néo-colombien, les châteaux des jardins classiques dont Versailles fut le modèle, les Assemblées des déclarations du XVIIe et du XVIIe siècles, les usines du XIXè siècle, les deux grandes catastrophes guerrières mondiales du XXe.

Aujourd’hui, tous ces témoignages redeviennent accessibles au public le plus large qui lit, qui regarde et qui voyage et un nombre toujours grandissant d’hommes et de femmes de tout milieu et de toute origine, s’intéressent passionnément à cette histoire générale. Comme historien, préoccupé de la diffusion du savoir historique auquel j’ai consacré de nombreux livres et émissions de radio et de télévision, je crois à la nécessité actuelle – comme hier les hommes de La Grande Encyclopédie en étaient convaincus – de mettre à leur disposition, sous l’autorité de la recherche historique savante, la meilleure présentation de ces connaissances renouvelées. Ce savoir est nécessaire à tous ceux qui ont compris que les humains ont besoin, plus que jamais, de trouver leur chemin dans la multitude des repères produits par les grandes civilisations, de retrouver leurs histoires plurielles et pourtant diverses pour savoir ce qu’ils sont aujourd’hui et ce que demain ils seront.

L’objectif de cette magnifique collection, approuvée par de grands historiens, aux innombrables et exceptionnelles illustrations et réalisée sous le haut patronnage du National Geographic, est de nous permettre de nous orienter enfin dans la forêt trop longtemps obscure – « selva oscura » – de nos 5 000 ans d’histoire.

Alexandre Adler

 

Pour en savoir plus sur cette oeuvre historique : http://creatividades.rba.es/pdfs/fr/Historie-et-civilisations.pdf